La révolution tranquille du Système international d’unités

Une conférence orale animée par Marc Himbert

 À l’automne 2018 seront promulguées à l’échelle internationale par la Conférence générale des poids et mesures (CGPM) des modifications fondamentales des définitions au sein du Système international d’unités (SI). L’ensemble du SI reposera désormais sur la donnée de valeurs numériques fixées (en unités SI) pour un jeu de constantes physiques fondamentales et constantes de la nature, à l’instar des définitions aujourd’hui en vigueur pour le mètre et l’ampère, à l’origine de principes de mesure nouveaux. 
 Ainsi, c’est sur la célérité de la lumière dans le vide c, la constante de Planck h, la constante de Boltzmann k, la charge élémentaire e, d’une part, l’écart hyperfin de 133Cs, la constante d’Avogadro NA et la constante radio-photométrique Kcd, d’autre part, que sera établi l’ensemble des unités de mesure. Les étalons et références associées pourront être matérialisées directement dans n’importe quel secteur de l’étendue de mesure utiles et dans n’importe quel domaine (nanosciences…). La physique statistique et quantique est intégrée aux modèles de mesure, en lieu et place des artefacts ou prototypes aujourd’hui toujours en vigueur. 

 Pour que cette révolution pratique et conceptuelle respecte la continuité historique des mesures, un travail considérable a été effectué depuis plus d’une décennie pour la mesure de ces constantes avec l’exactitude la plus élevée et une redondance suffisamment probante. La contribution française est très significative, en particulier pour k (par voie acoustique avec une exactitude aujourd’hui inégalée, spectroscopie…) et h (balance dite « du watt »), sans oublier les progrès des horloges optiques, étalons privilégiés de la seconde. D’ultimes résultats pour k et h, capitalisables pour l’ajustement final, sont attendus d’ici fin juin 2017 au LCM et peuvent être présentés. 

 Par ailleurs l’esprit et la lettre de cette réforme, les perspectives ouvertes, les conséquences pratiques sur les plans scientifique et technologique, l’évolution des schémas de traçabilité et les difficultés pédagogiques associées méritent d’être explicités.